L'origine des Berbères

"Lorsque le Sahara se dessécha progressivement et devint stérile, la majorité des habitants fuirent vers le Nord et vers l’Est. C’est ainsi que ces gens venus du Sud formèrent la première couche de la population nord-africaine. D’autres populations – venues de différentes régions, telles que les îles des péninsules méditerranéennes, de l’Europe et aussi des contrées éloignées de l’Asie – vont former, à leur tour, la deuxième couche de la population nord-africaine. Puis ces peuples se mélangèrent avec des habitants plus anciens. Ces populations donnèrent naissance aux ancêtres des Berbères.

Les Berbères revendiquent une présence au Maghreb vieille de plus de 5000 ans. Leur communauté s’étend de la frontière égypto-lybienne à l’Atlantique et des côtes méditerranéennes au Niger, au Mali et au Burkina Faso. Au 1er millénaire avant J.C., les Berbères se répartissaient en une multitude de peuples : Nasamons et Psylles en Tripolitaine et en Cyrénaïque, Garamantes au Sahara oriental, Numides au Maghreb oriental 

et central, Gétules nomadisant entre le désert et les hauts plateaux, Maures au Maghreb occidental.

 

Ses différents voisins donnèrent différents noms à la peuplade qui habitait les lieux. Tout d’abord les Egyptiens, qui la nommèrent «Lebu» ; c’est de ce nom que vient celui du peuple, les Lybiens et celui du pays, la Lybie. Ensuite viennent les Grecs. Ils appelèrent Lebou ou Lybiens les indigènes de l’Afrique du Nord. Puis les Romains qui donnèrent le nom de Maures à tous les habitants de la Berbérie. Quant aux indigènes, eux-mêmes, ils se donnèrent, avant l’occupation romaine, le nom d’Amazigh qui au féminin se dit Tamazight et au pluriel Imazighen et qui signifie les « hommes libres » puis les « nobles ». L’appellation « Berbères » leur fut donnée par les Romains qui les jugeaient étrangers à leur civilisation. Les Arabes en firent le mot Brâber, Berâber, qui a pour singulier Berber, berberi."

 

Extrait de la thèse de Nahla Zéraoui "Les différents statuts de la Kahéna dans la littérature d'expression française". 

 



- Histoire ancienne de l'Afrique du nord, Tome I, chapitre 2  l'Afrique du Nord dans le monde méditerranéen - Extrait - Stéphane Gsell 


Carte de la Berbérie - hkadra.blogspot.fr

 










La Berbérie ou l'Ile de l'Occident des Arabes (Djazirat el-Maghreb)

 

Jusqu'au XIXème siècle, la Barbarie est la dénomination de l'Afrique du Nord, à savoir l'actuel Maroc, l'Algérie, la Tunisie et la Libye. Le nom vient du mot barbare, qui a donné aussi berbère. Son littoral était appelé Côte des Barbaresques. Le terme Berbérie est lui apparu vers 1860.

 

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Arrivés d'Orient en Afrique du Nord il y a neuf mille ans pour occuper ce territoire dans son intégralité, les Berbères y fondèrent de puissants royaumes, formés de tribus confédérées. Ils connurent ensuite l'occupation romaine, la christianisation, la domination vandale avant d'être convertis par les conquérants arabes à la religion islamique, ceci de façon extrêmement rapide et profonde.

 

Les Berbères, qui occupaient jadis toute l'Afrique du Nord, depuis l'ouest de l'Égypte jusqu'à l'Atlantique et la totalité du Sahara, sont entrés dans notre histoire avec la fondation de Carthage, vers 800 avant J.-C. et celle de Cyrène, vers 630 avant J.-C., mais leur propre histoire est bien plus ancienne. Les Berbères étaient appelés Libyens par les Grecs, qui donnaient d'ailleurs ce nom à tous les peuples blancs vivant au nord de l'Afrique, depuis les franges désertiques de l'Ouest égyptien jusqu'au détroit de Gibraltar – les colonnes d'Hercule (*). Vers le sud, les Grecs ne connaissaient pas les limites des zones que ces populations occupaient ; pour eux, le monde libyque prenait fin là où débutait le pays des Noirs, ceux qu'ils appelaient les Éthiopiens – de Aethiops, « peau foncée ». 

 

Les ancêtres des actuels Berbères arrivent sans doute en Afrique du Nord il y a environ neuf mille ans. Les anthropologues les identifient comme des Proto-Méditerranéens progressant de l'est vers l'ouest. Cette donnée semble d'ailleurs confirmée par la linguistique puisque, à l'intérieur du groupe « afrasien » – nouvelle appellation de l'ancien « afro-asiatique » de Joseph Greenberg – on classe sous le même ensemble le berbère, l'égyptien et le sémitique, ce qui atteste une origine orientale commune, dont l'émergence aurait pu se faire dans la zone occupée par l'actuelle Érythrée. Ces nouveaux arrivants repoussent, éliminent ou absorbent les populations qui les ont précédés, les Mechtoides – hommes de Mechta el-Arbi – dont l'industrie lithique est l'ibéromaurusien, contemporain du magdalénien et de l'azilien européens.

Bernard Lugan auteur de L'Atlas historique de l'Afrique des origines à nos jours (Éditions du Rocher, 2001)

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À l’origine, le terme barbare — emprunté en 1308 au latin barbarus, lui-même issu du grec ancien bárbaros (« étranger ») — était un mot utilisé par les anciens Grecs pour désigner d’autres peuples n’appartenant pas à leur civilisation, dont ils ne parvenaient pas à comprendre la langue. Bárbaros n’a à l’origine, aucune nuance péjorative, il signifie simplement « non grec » ou plus largement toute personne dont les Grecs ne comprennent pas la langue, quelqu’un qui s’exprime par onomatopées : « bar-bar ». Le nom de Berbère apparaît pour la première fois explicitement après la fin de l'Empire romain. 

 

Bien que cette région ait été de même langue, le berbère, elle ne connait pas d'unité politique au cours de l'Antiquité, hormis une unification partielle par Massinissa, qui règne sur toute la Numidie.

 

Après l'arrivée de l'islam, la région est unifiée une première fois sous les Almohades, une dynastie berbère masmoudienne.

 

À la suite de la chute des Almohades, la région est scindée en 3

entités politiques: Ifriqiya, Maroc, et un État « algérien » centré sur Tlemcen. Les Mérinides tentent de réunifier la région en reconstituant l'empire de leurs prédécesseurs Almohades, cependant ils ne peuvent que brièvement soumettre Tlemcen et l'Ifriqiya, de même que les Hafsides, qui ne réussissent pas à soumettre le Maroc. À leur apogée, les Ottomans prennent également le contrôle d'une grande partie de la Côte des Barbaresques, à l'exception du Maroc, demeuré indépendant.

 

(*) Le détroit de Gibraltar, cette brèche entre l’Europe et l’Afrique aurait été tranchée par Hercule, comme le rappelle Pomponius Mela dans la Description de la Terre, un périple du début du Ier siècle : « Il y a un mont très élevé, juste en face de celui qui s’élève de l’autre côté en Espagne : on appelle le premier Abyla, le second Calpé, et tous les deux les Colonnes d’Hercule. Au sujet de ce nom, on raconte une légende : Hercule lui-même aurait séparé ces collines qui joignaient autrefois une chaîne continue et ainsi l’Océan, jusque-là arrêté par la masse des montagnes, aurait pu pénétrer jusqu’aux rivages qu’il baigne maintenant. Là se trouve une grotte consacrée à Hercule. » ©zamane.ma

 

 

 

 

Par le passé, la Côte des Barbaresques est reconnue pour ses pirates arabes qui rendent peu sûres la mer Méditerranée et certaines parties de l'océan Atlantique, et pour les marchés d'esclaves où sont vendus esclaves européens et africains. Au XVIème siècle, les esclaves blancs (chrétiens) razziés par les musulmans furent plus nombreux que les Africains déportés aux Amériques. Ce commerce prit fin en 1916.

 

Sans remonter à des temps immémoriaux, il est généralement admis que les premiers habitants du Maroc sont les Berbères, un ensemble de populations apparues depuis plus de 9000 ans en Afrique du Nord suite à des vagues migratoires venues du Proche-Orient. Le déplacement de groupes venant d’Orient et leur installation au Maroc constituent une caractéristique de l’histoire du pays au fil des siècles. Un autre courant migratoire préhistorique est venu de la Méditerranée pour s’agréger et se fondre aux populations venues de l’Orient, pour donner aux habitants du Maroc et du Maghreb une originalité physique et culturelle.     

 

Les Berbères sont connus depuis la plus haute antiquité : les monuments de l'Ancien Empire en Égypte citent leur existence. Au treizième siècle avant Jésus Christ, les Berbères Libyens ont livré bataille contre les puissants Pharaons d'Égypte Minerpath et Ramsès III, comme l'attestent les textes de Karnak et de Medinet Habou. Mais ces textes ne disent rien de leur origine. Parfois, les Libyens furent aussi des alliés des Égyptiens, notamment sous Ramsès II. L’historien Grec Hérodote affirme que les Libyens descendent des Troyens. Ils auraient cherché refuge en Afrique après la destruction de cette ville par les Hellènes. Les tribus berbères d’alors règnent sur un immense territoire de 9 millions de km² – dont 8 de déserts – s’étalant de l’ouest de l’Égypte actuelle jusqu’aux îles Canaries. Cet ensemble, appelé Tamazgha, constitue l’aire géopolitique originelle de la civilisation berbère ou amazighe.

 

Avant l'arrivée des Arabes et aussi loin que l'on remonte dans l'Histoire, la Berbérie a été constamment soumise à l'influence et parfois à la domination des civilisations qui lui étaient extérieures : Phéniciens, Romains, Vandales (peuple germanique), Byzantins. Les Phéniciens, qui depuis une époque lointaine naviguaient sans cesse pour faire du commerce, avaient établi des comptoirs le long de la côte africaine. Ils fondèrent Carthage, leur capitale, en 814-813 avant notre ère. Mais, au-delà de ses murs, le pays appartenait à ses habitants qui l'administraient selon leurs coutumes. 

 

Les Berbères « formaient à l’origine une seule population qui fut peu à peu fragmentée par une histoire complexe et mouvementée, leur horizon se rétractant sur des territoires de plus en plus morcelés », explique l’universitaire Bernard Lugan, enseignant à l’École de Guerre et aux Écoles de Saint-Cyr-Coëtquidan. À partir de l’année 670, sous la pression des conquêtes arabo-musulmanes, les Berbères s’islamisent. « Ce phénomène […] s’accentua à partir du XVIe siècle », lorsque les dynasties berbères encore non arabisées s’effondrent. » Au Maroc, deux dynasties arabes (Saadiens puis Alaouites) se succèdent cependant que, plus à l’est, le pouvoir ottoman coiffe une mosaïque ethno-territoriale composée de tribus arabes et berbères juxtaposées et parfois enchevêtrées. 

 

Ce fut à partir de ce moment que les Berbères ne furent plus maîtres de leur histoire. "Depuis, l’idéologie arabo-musulmane s’est efforcée de sous-estimer – voire purement et simplement nier – la réalité berbère. Cette vision négationniste a été aussi largement entretenue, en particulier par les Français lors de la colonisation de l’Afrique du Nord, cette fois « au nom de l’universalisme et de la lutte contre tous les enracinements ". 

 

Sources : Wikipedia, notes-geopolitiques.com, e-qra.com,  telquel-online.com