L'Oasis de Fint 

Oasis de Fint

A une quinzaine de kilomètres de Ouarzazate se trouve la légendaire Oasis de Fint. Fint, en langue Berbère veut dire « cachée ». Il est vrai que s’il n’y avait pas de panneau indicateur sur la piste, rien ne permettrait de localiser ce petit coin de paradis. Jusqu’au dernier moment, cette oasis se dérobe aux regards des voyageurs…

 

Quand on aborde la descente vers la vallée et l’oued, les palmiers font leur apparition, créant une tache verte et vivante entourée d’un monde minéral. Les falaises rocheuses de couleur ocre sont vertigineuses. Le décor est digne des grands films qui ont été tournés ici depuis les années 1930 : Laurence d’Arabie, Jésus de Nazareth, Alibaba et les quarante voleurs (avec Fernandel), Moïse, Cléopâtra, et plus récemment, Indigènes avec Jamel Debouze,.... On comprend aisément que les réalisateurs de ces grands films ont été conquis par un environnement à ce point majestueux. 

 

Fint, c’est aussi une communauté, d’une soixantaine de familles, qui vivent des ressources prodiguées par les 14 kilomètres de la palmeraie. Un miracle qui est possible grâce aux sources et à l’oued qui fournit une eau pure et claire toute l’année. Le miracle de l’eau permet la vie ! Ce sont donc près de six cent personnes qui cultivent et entretiennent savamment le subtil art de l’irrigation en milieu désertique.

 

Une palmeraie est un microcosme en constante évolution, un équilibre ancestral entre les différentes végétations et plantes cultivées, qui permettent l’une à l’autre de vivre et de se développer. Les grands palmiers-dattiers forment une protection contre les rayons du soleil avec leur feuillage, permettant aux autres plantes de se développer en dessous, Les arbres fruitiers, tel l’abricotier, complètent cette protection. Au niveau du sol on trouve les productions maraîchères, telles les laitues, tomates, etc,… Sans oublier le henné et la luzerne… 


Oasis de Fint

La communauté est dirigée par un chef, chargé d’arbitrer les éventuels problèmes concernant le droit à la terre, l’irrigation … Et d’aider à l’agrandissement de la communauté en attribuant les lots pour la construction de maisons, etc,… Ce mode de fonctionnement tribal est parfaitement adapté à la vie d’une oasis. Toute fois le chef ne se substitue pas aux autorités, les problèmes plus complexes d’ordre pénal ou légal reviennent aux autorités compétentes. Une école primaire à été construite il y a quelques années, permettant aux enfants de la communauté de suivre une scolarité normale, sans devoir faire de grands déplacements. Pour les études secondaires, les jeunes doivent se rendre à Ouarzazate. 

 

Le tourisme n’est pas absent non plus du paysage de cette oasis. Quoi que très discrète, il y a bien une industrie locale du tourisme. Une auberge à vue le jour il y a quelques années, permettant la restauration et l’hébergement de groupes de voyageurs. Généralement ces groupes viennent en 4x4 et passent une ou deux nuits sur place, lors d’un circuit dans la région.

D’autres préfèrent les randonnées à dos d’ânes, organisées par les habitants de l’Oasis. L’une de ces randonnées permet de rejoindre le lac de Ouarzazate, en suivant le cours de l’Oued. Un emplacement réservé aux bivouacs permettent d’organiser de véritables veillées traditionnelles sous les étoiles, accompagnées de chants et danses traditionnelles Ahwach. A proximité de cet emplacement on peut découvrir un ancien décor de cinéma, ayant servit au tournage du film « Cléopâtra ». Une fausse grotte, en bon état, munie de sa pierre tournante en guise de porte, fait face à un petit bâtiment en pierre taillée. Il n’est pas rare dans la région de découvrir de tels vestiges. 

 

Malgré tous ces développements, l’électricité et la télévision ont fait leur apparition il y a trois ans, l’oasis de Fint garde son caractère original et demeure un endroit où l’on peut encore découvrir un mode de vie ancestral et traditionnel des régions du Sud Marocain. Des traditions et un environnement qui doivent absolument être protégées afin que les générations futures puissent encore en profiter. 

©thrmagazine.info - 3/7/2008 



Emission C'est par sorcier tournée à l'oasis de Fint en 1996


Le 4 x 4 berbère de Fint

Fint est une oasis reculée. L’origine du nom en berbère serait « n’fint » littéralement « caché ». Un endroit où poussent des palmiers dattiers et quelques arbres fruitiers. L’oued Fint serpente l’oasis. Sur ses rives des jardins et des champs sont cultivés par les habitants. Une population paysanne qui vit principalement d’une culture vivrière.


Fint est véritablement un havre de paix ! Cette singularité relève aujourd’hui du poétique. Cependant le sens du terme « caché » et son enclavement dans un milieu retiré soulève l’hypothèse du souci d’éviter un danger quelconque. Pourquoi Fint est-elle perdue entre un reg et des montagnes rocheuses ? Quel serait le secret de son peuplement par une population entièrement noire ?


Avant l’indépendance en 1956, le sud-est du Maroc et notamment Ouarzazate était une zone de turbulences. La quête de l’eau, du pâturage et du pouvoir attisaient l’hostilité entre les tribus. Les razzias étaient monnaie courante dans la région. Les tribus étaient toujours sur le qui-vive. Le besoin défensif pousse les habitants à se sédentariser sur des emplacements stratégiques qui permettent de surplomber le voisinage. Paradoxalement Fint n’est pas érigée sur le sommet d’une colline. Son ancien village est construit sur le flanc d’un rocher qui domine l’oued. C’était plutôt pour se protéger des crues que de contrôler les raids des tribus ennemies ! La première population se logeait dans des habitats troglodytiques. Des gourbis en pierres et argiles ont été construits après. Les vestiges de l’ancien village en témoignent.

La population de Fint est toute de race noire ! Aucune famille ni trace de château seigneurial n’existe dans l’oasis. La tradition orale rapporte que les habitants de fint sont originaires du Mali. Ils étaient des nomades qui accompagnent des caravanes commerciales avant de se sédentariser dans l’oasis de Fint. L’une des premières familles serait la famille Aghlane littéralement en berbère « ruisseau ». Pourtant l’absence d’une famille « maitre des lieux » dans l’oasis à l’instar des autres villages dément cette thèse dans la mesure où une population noire était souvent dépendante d’un maître.
 

La réalité ethnique (population noire) et géographique (oasis repliée) de Fint laisse surgir le scénario d’une population noire rebelle. Des gens noirs qui se seraient libérés du joug de l’assujettissement en fuyant furtivement les domaines des maîtres pour se réfugier à Fint. Un lieu enclavé et difficile d’accès. C’est surtout un refuge exemplaire.

 

Aujourd’hui Fint est peuplée par une population estimée à 1000 habitants. Ils sont tous des berbères d’une souche noire. L’oasis de Fint est constituée de quatre villages : Wangarf, Taherbilte, Timoula et Belghizi. Ces douars longent l'oued Fint et vivent des champs cultivés sur ses rives. Fint a accès à certains services de base notamment l’eau potable, l’électricité et l’éducation (école primaire). La couverture du réseau de téléphonie mobile y est négligeable. Une piste praticable de 10 km assure l’accès à Fint.

©almaouja.com


Poterie de Fint