
Les mariages sont collectifs. On les célèbre à l’occasion de l’Aid el-kebir (ou Tafaska Taxatart).
Quelques jours avant la fête, les femmes vont moudre le grain aux moulins à eau. Les jeunes filles en âge de se marier aident leur mère, elles vont et viennent devant des groupes de jeunes gens qui les observent et font leur choix parmi elles. Ils les suivront plus tard quand elles iront faire du bois ou cueillir de l’herbe dans les champs et les jardins et à celle qu’il désire le prétendant déclarera sa foi.
Chaque fiancé égorge une bête et remet à ses garçons d’honneur des parts de viande qu’ils mettent dans le capuchon de leur burnous. La bête est partagée en quatre quartiers et chaque quartier en sept morceaux.
Le lendemain, au lever du soleil, chaque fiancé envoie chez la jeune fille ses garçons d’honneur conduits par une mule avec son bât et couverte d’un tapis. Ils trouvent la mariée prête, les mains teintes au henné, les cheveux peignés. Ils la juchent sur la mule et font monter derrière elle un de ses jeunes frères,si elle en a un, puis ils la promènent autour des murailles du petit ksar dont ils lui font faire trois fois le tour en compagnie des femmes de la maison, de parentes et de sa mère.
Les autres cortèges s’organisent pareillement avec leur fiancée, à peu près en même temps et tournent sans s’occuper du cortège qui précède ou qui suit.
On chante chemin faisant des paroles de ce genre: « warro wa warro ya arro », dans lesquelles revient le terme « erro », mis pour « vaincre »; c’est en effet de lutte qu’il s’agit.
A la fiancée du premier groupe qui s’arrête devant la porte d’entrée du ksar ses trois tours accomplis, on présente un bol contenant du lait et elle asperge de ce lait, par trois fois, le linteau supérieur de la porte.
Les hommes et les fiancés sont restés dans le ksar et tandis que la mariée se livre à ces rites d’aspersion, ils ferment la porte, refusant l’entrée du ksar aux petits cortèges qui se sont rejoints. Une lutte s’engage entre eux et les hommes. Quand on estime qu’elle a duré un temps suffisant qui laisse la victoire aux fiancés, on engage des négociations de part et d’autre. Les hommes remettent aux vainqueurs une ou deux parts de la viande dont ils se sont pourvus. Le marché conclu, la grande porte du Ksar s’ouvre et les cortèges pénètrent dans la petite cité au milieu de démonstrations bruyantes, de chants, de coups de fusil, des tambourins et vont se ranger dans l’Arahbi (enceinte rectangulaire parfois garnie de préaux où, la nuit, l’on met les bêtes de somme à l’abri).
Sous un de ces préaux, quelques jours avant les mariages, on a établi une longue banquette avec des branches de palmier sur laquelle on a étendu des nattes et des tapis. Cette banquette est réservée aux fiancées.
Les fiancées, sur leur mule, pénètrent donc dans l’Arahbi. Les hommes les descendent en les portant dans les bras pour que leurs pieds ne foulent pas le sol et les installent sur la banquette à la place qui leur est réservée. Derrière chacune d’elles, on suspend à un piquet, fiché dans le mur, les divers objets qui constituent le trousseau que leur père a donné, et parmi ces objets, on note plus particulièrement une sorte de musette, Tahrit, refermant des amandes, des noix, des dattes et une corde tressée de fils de couleur blanche, rouge et noire.
Elles ont la figure voilée, les bras garnis de bracelets et les mains teintes au henné. Devant elles, les invités, hommes et femmes, s’organisent pour danser et chanter l’Ahidous.
Les fiancées restent ainsi assises sur leur banquette pendant plusieurs jours et assistent à divers cérémonies célébrées en leur honneur.
L’une d’elles, qu’on appelle Aba3ya, a lieu le troisième jour. Les cavaliers entrent dans le ksar et vont, l’un après l’autre, les saluer en faisant cabrer leur monture qui retombe les pieds de devant sur la banquette des fiancées. Celles-ci mettent des taches de henné sur le chanfrein et le poitrail du cheval et donnent au cavalier des amandes et des dattes qu’elles tirent de leur sac-musette.
La consommation du mariage a lieu la troisième nuit dans la maison du mari où les fiancées sont conduites, sans chant et sans bruit, par deux hommes, quelques parentes et la mère du jeune homme. Après quoi on les ramène à l’Arahbi, sur la banquette, on procède à leur toilette; on étale sur leurs genoux le vêtement maculé du sang de l’hymen. Elles reçoivent les félicitations des assistants qui chantent leurs louanges et prononcent des paroles de bon augure.
Le septième jour, les noces terminées, les mariées vêtues de leurs beaux atours vont pour la première fois puiser de l’eau à la fontaine, chacune munie d’une cruche.
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